Les oiseaux nous étonnent (suite)

 Le Manchot royal (Aptenodytes patagonicus), pêcheur héroïque, a le sens de la famille

 La saison des amours commence en chansons

D’abord le mâle jabote du verbe jaboter, suit ensuite un ballet dandinant avec des prises de bec que les humains appellent « parade nuptiale ».  Et c’est en couleur : les colorations très vives de chaque côté de la tête plaisent à l’autre sexe.  Dès lors plus rien ne peut empêcher un accouplement et une fécondation en bonne et due forme.

Le manchot royal ne nidifie pas.

Plutôt qu’un nid glacé, il préfère garder l’œuf au chaud contre lui en attendant un lointain réchauffement climatique. L’œuf pondu est unique et gardé posé sur les pieds des parents (mâle ou femelle). Pour être bien au chaud et comme la nature est bien faite (enfin souvent), l’œuf est recouvert par un repli de peau du ventre. Les manchots restent en couple jusqu'à ce que le poussin soit grand. Après chacun vit sa vie …En attendant, ils s'occupent tour à tour de l’œuf.

L’œuf doit rester longtemps au chaud

La couvaison, au corps à corps, dure 55 jours, et c’est long ! Aussi les parents « couvent » en alternance par périodes de 6 à 18 jours. Celui des parents qui ne couve pas s’éloigne vers le large pour se nourrir. Au retour, il faut faire passer l’œuf d'un parent à l'autre, ce n’est pas facile mais les manchots y arrivent.

Les jeunes « restent dans les pieds »

« Après l'éclosion, les poussins sont encore portés sur les pieds de leurs parents pendant 30 à 40 jours. Le temps que le plumage et le système d'autorégulation de la température corporelle se mettent en place ».

Régurgitation, crèche, jeûne, mue et première séance de natation sont de mise avant le grand départ.

Le manchot royal part pêcher pendant 2 à 3 semaines et conserve le poisson sans le digérer dans son estomac durant toute cette période. Le petit est nourri par régurgitation. Bon appétit !

Par la suite, pendant que les parents sont en mer, les petits de l'ensemble de la colonie sont rassemblés en crèche disons nous et ainsi bien protégés. L’accès à la crèche est gratuit !

Les éclosions s'étalent de début janvier à fin mars.

L’avenir appartient aux gros

Plus un poussin est né tôt dans l'année plus il sera gros avant l'hiver. Mais entre mai et septembre, les ressources en mer deviennent rares. Alors, les parents pour assurer leur propre survie vont jusqu’à 2 000 km vers le Sud à la limite de la banquise antarctique. Pendant ce temps les nourrissages…. Un gros poussin peut supporter 4 mois et demi de jeûne alors que les autres risquent ne pas survivre.

Au printemps austral, les parents reviennent enfin pour nourrir leur « petit gros ». C’est alors que ce dernier mue et prend la mer (11 mois après sa naissance).

Enfin, les parents peuvent s’occuper d’eux, reconstituer leurs réserves et muer.

La liberté est en mer

Le petit vit désormais en mer et ne reviendra pour se reproduire que quand il aura atteint l'âge de 3 ans.

Si on demandait à ces formidables oiseaux ce qu’ils pensent du réchauffement climatique, allez savoir ce qu’ils répondraient car la philosophie de nos amis à deux pattes et deux ailes nous reste assez lointaine.

Les Pies réussissent le test du miroir

La Pie bavarde (Pica pica) est l'une des grandes espèces de corvidés parmi les plus répandues en Europe et dans une grande partie de l'Asie.

Les pies ont d'importantes facultés d'apprentissage   

Le cerveau des oiseaux commence à être mieux compris, La pie bavarde est dotée d'un cerveau proportionnellement plus important que celui de beaucoup d'autres oiseaux.

La pie a bonne mémoire et retient fort bien son environnement et les endroits où elle peut trouver de la nourriture, ainsi que les cachettes où elle a accumulé de la nourriture. La pie possède une bonne capacité d'apprentissage et donc la capacité de s'adapter aux changements de l'environnement. La pie est aussi capable de stratégie de groupe (face à un prédateur comme le chat, par exemple, plusieurs vidéos le prouvent) et est le premier oiseau à avoir été capable d'avoir conscience de se voir dans un miroir. C’est le fameux « test du miroir » pratiqué pour démontrer une conscience de soi (c'est le cas pour l'Homme, le chimpanzé, le gorille, l'orang-outan, le chimpanzé pygmée, le dauphin ou l'éléphant). N’essayez pas avec votre chien ni avec votre bébé de moins de 18 mois, ils ne réussissent pas ce test ! Chez les oiseaux les linottes et leur fameuse tête doivent sans doute aussi repasser en septembre.

Les pies ont des sentiments

La haine des chats ou un certain sens du deuil existe bien chez les pies. Ces oiseaux sont donc bien des êtres sensibles ! Ainsi, une pie peut avertir ses congénères d'un danger et peut apprendre à ses petits une partie de ce qu'elle a appris elle-même et même faire preuve d'empathie. Des pies auraient même été observées en train « d'organiser des funérailles » : Les pies se tenaient en ce cas, près du cadavre et apportaient de l'herbe. Par ailleurs, des pies ont été filmées en train d’attaquer en groupe un pauvre chat, indigné d’un tel culot.

Les pies ont des territoires et des nids hauts perchés

Dès février, chaque couple défend un territoire et construit un ou plusieurs nids, le plus souvent en hauteur dans les arbres, près du tronc. Un pylône peut aussi faire l’affaire.  Le nid est formé de terre gâchée, branchettes, crins et brindilles ; il est souvent surmonté d’un dôme. Et la pie, décoratrice dans l’âme, aime ajouter au nid divers objets brillants.  Cependant, de loin, le nid peut ressembler à une boule de gui.

Dans ce nid « 5 étoiles », la femelle pond de trois à dix œufs. Elle couve seule durant environ trois semaines. Après l'éclosion, les petits restent au nid durant quatre semaines environ. Ils sont nourris par les deux parents.

Le vilain coucou geai profite parfois de l’enthousiasme maternel de la pie, on peut écrire que c’est un parasite spécialisé au détriment des nids de corvidés.

Les pies chantent comme des casseroles mal émaillées

Par contre les pies chantent comme des casseroles mal émaillées. Elles ont un cri désagréable que les spécialistes traduisent par : chackchakchak, elles peuvent aussi siffler et caqueter à la saison des nids. En dehors de ça, on ne se plaint pas de leur mutisme !

NB : Le test du miroir a été inventé dans les années 1970 par le psychologue américain Gordon G. Gallup. Ce test consiste à vérifier si un animal est capable de reconnaître son propre reflet dans un miroir. On endort l’animal et on lui place une marque de peinture sur le front. Dès qu’il se réveille, on lui présente un miroir. S’il essaie d’enlever la marque, cela montre qu’il a reconnu son image, et donc qu’il a conscience de lui-même. Astucieux !                                                                                                       À l’heure actuelle, les seuls animaux qui réussissent ce test sont les éléphants, les chimpanzés, les bonobos, les gorilles, les orangs-outans, les macaques rhésus mais aussi les rats, les pieuvres, les dauphins et les orques (qui essaient d’enlever la tache en se frottant contre le bassin). Toutefois, le test du miroir favorise les espèces qui se servent avant tout de la vue, contrairement aux chiens par exemple, qui privilégient l’odorat.                                                                                                                     Chez les humains, les bébés ne reconnaissent pas leur image avant un an et demi, même chez les futurs photographes.